Né en 1962, il vit dans la région du Saguenay au Québec.

Quelle est cette langue que je parle au Québec et diffère-t-elle de celle écrite dans mes pièces de théâtre ; je veux dire tout de suite, sans marquer le point d’interrogation que, corps et langue sont uns, ils se nomment et se manifestent de même nature, je précise, l’écriture aboutissante n’est que le prolongement de l’expérience vécue, rêvée, imaginée, j’enfonce mon corps-Québec dans le sol, prendre racines, m’interroger sur la langue, la bouche remplie de terre et de lacs, suis-je un rêvé de mondes habités loin des grandes villes, les langues théâtrales se divisent-elles maintenant en deux groupes, villes et campagnes, suis-je un glossaire de quelques mots anciens et de mille anglicismes entremêlés en un savoureux et baveux French kiss, « suis-je-suis » un chien qui appelle les autres chiens à aboyer dans une langue de roche pour que l’ordre du « parolique » croisse en un arbre fusionnel : le ciel et la terre, les vivre. Alors qu’une partie du monde vit dans un incessant bouger d’inquiétude, mon écriture pédestre recherche-t-elle l’autochtonie de nos ancrages, le théâtre me prend par le ventre, viscéralement, DIRE QUOI À QUI, dans ce lieu où s’image l’entendement public, le dernier retranchement des possibles « rêviques », d’où part donc la fable à raconter avec quelle langue. […] Le dire-théâtre, s’il se trouve, débute du sol jusqu’à la bouche de ma main mentale, s’inscrit sur un papier de fable jusqu’à la mémoire des comédiens qui, de leurs lèvres laissent s’échapper depuis leur gorge, des nuages d’humidité si dense qu’une telle concentration de vagues successives des éléments dits fera naître des turbulences violentes jusqu’à une tempête archaïque, invisible pour les uns, ressentie pour les autres. Je n’écris pas, le théâtre de ma langue est un acte humide, j’essaie de bâtir de miniatures océans oubliés, d’y répandre des filets et remonter à la surface des mots grouillants et écaillés avec des corps nourriciers pour peut-être mieux saisir les rages et les au secours d’amour de la communauté des miens terrestres.

Daniel Danis

Derniers ouvrages parus

e Roman-dit : Le Corps de mon monde (travail en cours d’élaboration, version primitive de e roman-dit) in LEXI/textes 3, Théâtre national de la Colline / L’Arche Éditeur, Paris, 1999.
Cendres de cailloux, Actes Sud-Papiers, Arles, 2000.
Le Chant du Dire-Dire, L’Arche Éditeur, 2000.
Le Langue-à-Langue des chiens de roche, L’Arche Éditeur, 2001.
Celle-là, Actes Sud-Papiers, 2003.
e, roman-dit, 2004, L’Arche Éditeur, 2005.
Terre Océane, 2005, L’Arche Éditeur, 2006.

 
Une captation radiophonique d’une version écourtée de e roman-dit a été mise en ondes par Blandine Masson et a été diffusée fin 2004 sur France-Culture. Un atelier de formation dirigé par Alain Françon en collaboration avec Daniel Danis a eu lieu à l’École régionale d’acteurs de Cannes autour de ce texte en avril 2004.