Née à Bolchoï Fontan, près d’Odessa, le 23 juin 1889, elle passe son enfance à Tsarskoïe Selo, près de Pétersbourg. Puis elle s’inscrit à la faculté de droit à l’université de Kiev, et à la faculté de lettres de Pétersbourg, Dès son enfance, elle écrit des vers. Elle voyage en Italie, en France. À Paris, elle fait la connaissance de Modigliani.

C’est en 1912 qu’elle publie son premier recueil, Soir suivi en 1914 par Le Rosaire. Son succès dans le milieu des intellectuels est immédiat. Malgré le régime stalinien qui, pendant plus de vingt ans, tente de l’anéantir, elle règne pendant près d’un demi-siècle sur la poésie de son pays.


En 1909, elle épouse Nicolas Goumilev, l’un des chefs de file de la renaissance poétique russe du début du XXe siècle. Avec leur ami Mandelstam ils fondent l’Acméisme (mouvement littéraire russe créé en réaction contre l’esthétisme du symbolisme).


À la veille de la Révolution, en 1917, Akhmatova fait paraître un troisième recueil, La Volée blanche, et en 1921 paraît Le Plantain. Cette même année, son mari, compromis dans un complot, est fusillé. Il laisse un fils, Lev. Akhmatova épouse en deuxième noce Chileïko, un savant orientaliste. En 1923, paraît Anno Domini MCMXXI. Puis elle est condamnée au silence. Très liée au couple Mandelstam, elle est témoin de leur exil et leur déportation. Son fils est arrêté et déporté en 1935 ; la même année, son troisième mari, N. N. Pounine, est condamné et meurt en déportation. Ce sont ces années de terreur stalinienne qu’elle peindra dans Requiem (paru 1963).


Akhmatova se consacre alors à des travaux de traduction, et parvient à faire publier  son essai sur Pouchkine. En 1940, la censure autorise la publication d’une anthologie de ses recueils antérieurs, suivie d’un nouveau cycle de poèmes, Le Saule — titre définitif, Le Roseau. En 1941, à Leningrad, elle vit le siège que soutient cette ville. L’un de ses poèmes, Le Serment, sera placardé sur les murs de la ville. Évacuée à Tachkent, elle visite les hôpitaux, lit ses vers aux blessés.

En 1944, Akhmatova rentre à Leningrad. La politique stalinienne se durcit. Jdanov contrôle la vie culturelle du pays. Akhmatova sera l’une de ses victimes. Elle évite de justesse la déportation, mais se voit de nouveau réduite au silence jusqu’en 1958, où le rapport de Khrouchtchev l’autorise à être de nouveau publiée, sauf son poème Requiem dédié à son mari, son fils (qui est revenu de déportation) et à toutes les victimes du stalinisme. Une première anthologie paraît en 1958 suivie d’une seconde en 1961. Celle-ci permet de mesurer auprès du public soviétique que sa renommée ne faiblit pas malgré l’ostracisme dont elle a été la victime et les silences auxquels elle a été condamnée : les cinquante mille exemplaires d’un premier tirage sont épuisés en quelques heures. Cependant, Akhmatova fait publier à l’étranger ses deux grands poèmes : Poème sans héros à New York, en 1960 et Requiem à Munich, en 1963. Elle reçoit un prix international de poésie décerné en Italie (Etna-Taormina, 1964), un doctorat « honoris causa » de l’université d’Oxford (1965) qui lui permettent de revoir l’Europe occidentale et ses amis qui s’y trouvent. Akhmatova meurt d’une crise cardiaque le 5 mars 1966 à Domodedovo, près de Moscou.