Du côté des Jeunes Reporters : la mort

Immersion dans les réalisations des Jeunes Reporters.

Quatre thématiques pour les parcourir : la folie, la mort, l'identité, les origines.

Dans les yeux des Jeunes Reporters 

 

Deuil & Beauté sont deux expériences dont chaque personnage a été le témoin. Sujet universel, qui pourtant a rarement le devant de la scène dans une société où le confort fait loi. D’où provient la beauté quand le thème central de la pièce est la mort ? Sans doute de la quiétude avec laquelle Johanna s’endort sous nos yeux, pour l’éternité. Cette extinction n’a alors plus rien de solitaire car c’est dans une attention commune que le public accompagne Johanna dans son dernier souffle.
Milo Rau souligne ainsi le paradoxe de toute vie : l’extrême importance de chaque être et son extrême fragilité.

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Emma Wolton 

Regarder sans défiance

Si le spectacle Grief and Beauty élabore une réflexion sur le deuil, c’est par le biais du souvenir et de cette mémoire de ce qui a été perdu qu’il faut transmettre. La mort, dès lors, n’a rien de tragique ou de dramatique mais est plutôt un élément banal parmi d’autre dans notre vie de tous les jours, qu’on voit présente sur scène. La parole des jeunes et des vieux se mêle sur le plateau, dans des moments de dialogue, en alternant les témoignages. Ces moments de parole sont renforcés par un travail sonore (avec une violoncelliste sur scène et divers enregistrements) et visuel qui nous plonge dans un univers qui tient autant de la vie quotidienne que du rêve.
On regarde la mort, on la voit de face même, mais sans défiance, pas plus que n’en a le Petit Prince lorsqu’il se fait mordre par le serpent.

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Théo Courtin

« Les plus jeunes ne savent pas ce que nous avons perdu, n’ayant jamais connu oiseaux, insectes, paysages disparus ».
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Milo Rau

Une rencontre suspendue entre la vie et la mort

Dans l’Antiquité grecque, à côté de l’Asclépiéion, l’hôpital antique d’Athènes, il avait été construit un théâtre consacré à Dionysos.
La poésie aurait un pouvoir de guérison.

Le travail de Wajdi Mouawad s’attache à penser la mort, à soigner les plaies et fleurir les sépultures de mots. L’expérience poétique de La Parole nochère et l’évènement A la vie à la mort sont autant d’exemples afin de rendre hommage aux disparus, et fêter le passage dans l'au-delà, par le théâtre.

C’est dans ce contexte, que les Jeunes Reporters de La Colline ont pu rencontrer l’association Passeur de mots et d’histoires, qui offre à des patients aux maladies incurables, un soin particulier, la biographie hospitalière.


 

La biographie hospitalière est la possibilité pour une personne gravement malade, hospitalisée dans un établissement de soin ou à domicile de raconter son histoire, et de créer avec un biographe professionnel le récit de sa vie, sous forme d’un beau livre lié, un livre d’art.

Il est question de l’arbre de vie, d’où tout commence. Le récit se déroule souvent à partir de l’évocation d’un grand parent dont le patient se souvient. Tout le reste est écoute, et délicatesse. Il est des moments de vie puissants dans l’accompagnement de la mort.

On sait où l’on va quand on sait d’où l’on vient. Valéria, créatrice de l'association emprunte à Paul Ricoeur la phrase suivante :

« Inviter le narrateur à faire le récit de sa vie, c’est l’inviter à donner de la cohérence, de l’unité et du sens à sa vie ».

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Clémence Ruaux