Le fil d'Ariane

 

Fil d'ariane automne

L’horizon perd de son tranchant. L’humeur du monde le brouille et sa ligne se détrempe. Heureux celui qui, hermétique à cette mélancolie collective, ne voit pas ses espaces intérieurs déteindre les uns sur les autres et parvient encore à savoir où il en est. Les paysages s’érodent les uns après les autres, une humidité à gros grain écrase tout, sans structure véritablement, nous regardons comme à travers un papier buvard, les taches d’un monde qui n’est plus et auquel on continue à s’accrocher. Le dessin que dilue la bavure ne retrouve jamais sa forme initiale.

- Qu’as-tu ? demande l’ami attentionné.

- Je ne sais pas.

Et comment répondre quand on parvient à peine à différencier les arbres d’avec leurs ombres, les visages d’avec leurs reflets et les mots d’avec les mots ? On sort de chez soi. On traverse rues et boulevards avec le sentiment de vivre à l’inverse. Mais l’inverse de quoi ne cesse-t-on de nous demander ? Et dans ce quotidien qui boite, chacun fait comme il peut et porte sa vie à bout de bras. Elle semble à la fois si dérisoire et si précieuse. On fait ce que l’on a à faire même si le sens nous est renvoyé à la figure. La marge de nos vies, marge à travers laquelle et grâce à laquelle on parvenait à s’extraire des vicissitudes de l’existence, cette marge-là est plus que jamais à la marge. Sans plus de raison d’être que de continuer à être, être devient une injonction anatomique : rester en vie. Redevenir animal reproducteur mangeant déféquant.

Pourtant ! Croquant la pomme au jardin d’Éden, on a pris conscience qu’il ne suffisait pas de vivre pour vivre, qu’il ne suffisait pas d’être vivant pour être vivant. Et tant pis pour le paradis ! Mieux vaut être maudit et vivre joyeusement dans la douleur et l’affliction, que de rester désolé de toute connaissance, assujetti à une joie béate.

Wajdi Mouawad, 9 novembre 2020

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L'autre à l'horizon L'autre à l'horizon

Fenêtre sonore

Ce rendez-vous sonore hebdomadaire fait voyager la parole, élargit les horizons, transperce les parois contre lesquelles nous jettent nos nouvelles conditions de vie. Ainsi, chaque semaine, les auditeurs qui le désirent se connecteront à une adresse donnée, brancheront des écouteurs sur leurs oreilles, s’allongeront ou fermeront les yeux, pour profiter d’une expérience audio, pendant laquelle trois artistes se passeront le relais pour raconter, chacun à leur manière, le présent dans lequel ils se trouvent.

Il s’agit pour eux de décrire, en une vingtaine de minutes, ce qu’ils voient par leur fenêtre, que ce soit réel ou imaginaire, que la fenêtre soit intérieure ou spirituelle ; avant de passer le relais au deuxième puis au troisième artiste, qui donnera à son tour à entendre son propre horizon, quels que soient sa perception, son fuseau horaire et son continent. Par les similitudes ou les variations de ces sensations poétiques, chaque épisode d’une heure dessinera une fenêtre triangulaire englobant la terre dans un contexte qui nous rassemble. 

Episode 1 - 24 novembre 2020
avec la participation du co-fondateur et directeur de Station Beirutrut - espace d’art alternatif libanais Nabil Canaan, de la comédienne, metteuse en scène et autrice québécoise Marie-Josée Bastien et de l'auteur et metteur en scène Wajdi Mouawad

Episode 2 - 1er décembre 2020

avec la participation de l'autrice et metteuse en scène Alexandra Badea, du réalisateur Vassili Doganis et de la comédienne et metteuse en scène Isabelle Lafon

Episode 3 - 8 décembre 2020

avec la participation du metteur en scène Frédéric Fisbach, de la dramaturge Charlotte Farcet et de l'autrice Annick Lefebvre

bouche à oreille  Bouche à oreille

   Récit mobile

Tout comme le jeu éponyme, il s’agit de faire circuler d’un contributeur à l’autre, de bouche à oreille pourrait-on dire, une phrase – en l’occurrence une histoire d’une vingtaine de minutes – inventée par le premier d’entre eux – ici Wajdi Mouawad -, racontée au suivant qui répercutera à son tour, de façon fidèle ou agrémentée de détails et interprétations… jusqu’à être restituée par le dernier maillon de la file, permettant de comparer la version finale à sa version initiale.
Confinement oblige, l’intitulé du « téléphone » est pris au pied de la lettre, puisqu’il s’agit ici de tirer le fil d’un combiné téléphonique et d’une fiction d’une personne à l’autre, spectateur ou artiste, sans jamais s’arrêter ou presque, pendant toute la durée du confinement, jusqu’à ce que nous soyons en mesure de nous retrouver au théâtre pour découvrir, ensemble, la finalité du récit.Ce n’est pas seulement la rapidité de la circulation de l’histoire ni ses altérations qui font la richesse de la déclinaison de ce jeu, ce sont le nombre de convives, la poésie du message à transmettre et l’envie de faire œuvre commune de façon ludique.

Les inscriptions pour ce projet sont closes

cadavre exquis    Cadavre exquis

   Correspondance par l'image

 

Ce jeu consiste à tisser un récit fictionnel en vidéo, où chacun, qu’il soit artiste ou spectateur, en serait l'auteur. La chaîne, composée d’une vidéo par participant, est soumise à une règle simple : poursuivre l'histoire à partir de la dernière image de son prédécesseur. 

Les inscriptions pour ce projet sont closes

papier brodés  Papiers brodés

   Au fil d'un texte

L’idée qui anime ce projet offert aux spectateurs du théâtre est de « recoudre le lien que la terreur cherche à défaire ». Chaque personne inscrite recevra par voie postale un mot à broder, accompagné d’un fil de coton, d’une aiguille et du mode d’emploi. Elle pourra profiter du temps du confinement pour réaliser son ouvrage, sans jamais savoir à quel mystérieux écrit appartient son mot. Lorsqu’il sera à nouveau possible de se déplacer et de se réunir, les brodeurs et brodeuses seront conviés au théâtre pour assembler chaque mot et reconstituer le texte, qu’ils feront ainsi renaître collectivement. 

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Poesie en boite  Poésie en boîtes

  Mots adressés

Revivre la joie, trop rare et si précieuse en ces temps de repli, de trouver dans sa boîte une enveloppe, manuscrite, qui nous est personnellement destinée. Y lire quelques lignes manuscrites, soigneusement choisies par un mystérieux expéditeur, comme un cadeau, une pensée, une invitation à la rencontre. 
De jeunes volontaires de La Colline renoueront avec le plaisir de l’écriture à la main pour transcrire, parmi les œuvres d’auteurs complices ou inspirants qui leur auront été données à découvrir, un court extrait qui leur semblera cher à transmettre à un destinataire qu’ils ne connaissent pas, sans rien attendre d’autre que le plaisir d’avoir pris le temps de lire, d’écrire et de penser à l’autre… mais qui sait si de cette première intention naîtra une relation épistolaire entre deux inconnus ?

Les inscriptions pour ce projet sont closes

poesie en boite 2

Poesie en boite 1