Du côté des Jeunes Reporters : l'identité

Immersion dans les réalisations des Jeunes Reporters.

Quatre thématiques pour les parcourir : la folie, la mort, l'identité, les origines.

Dans les yeux des Jeunes Reporters 

Racine carrée du verbe être, ou une ode à la vie, à la famille, à l’enfance et au refuge qu’elle charpente, à la liberté, à l'irrationnel ; à l'humanité. La pièce rappelle que, en dépit des vies manquées, des cadavres chimériques jonchés à nos pieds, nous vivons. Nous vivons sur la mort, sur des ruines. Mais il n’en demeure pas moins que nous vivons et que nous pouvons nous réjouir. Nous aurons beau avoir enduré les souffrances les plus lancinantes, avoir traversé des périodes orageuses ; nous avons goûté à l’accalmie. Nous créons sur l’annihilation, la destruction d’une infinité de possibilités, la renonciation et, donc, nos choix ; l’artiste fait émerger la beauté sur une plaine d’horreurs, sur des ruines d’une hécatombe passée. 

 

 
Par conséquent, ce qu’on a tendance à taire, c’est la vie-même, car la vie n’est pas que joie, elle comporte son lot de difficultés. Elle éclot même dessus. Ainsi, Mouawad nous incite à célébrer éternellement la vie, à aimer éternellement, et ce malgré la haine. Car aimer, c'est le geste incommensurable de l’humain. C’est son invincibilité en acte. Car aimer, c’est pardonner l'irrationnel, c’est l’accepter pour embrasser notre être, et alors le transcender.
Wajdi Mouawad nous dicte donc à travers cette déclaration d’amour à l’amour qu’il nous faut vivre de toutes nos forces, de toute notre vitalité, en dépit de toutes les circonstances déplaisantes, pendant qu’il en est encore temps.
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Eline Guez

 

Retranscription de l’« interview évolutive » 

Le but ? Voir l’évolution de l’avis d’un.e spectateur.trice durant le spectacle.

 

Emma  : Oui je ne suis pas du tout une pratiquante fervente du théâtre donc ça va rester dans les 2,3 pièce que je vais voir dans l’année et du coup une expérience de 6h dans un théâtre avec plein de gens et on partage vraiment.

Louise-Anna Fizellier : Oui c’est immersif.

E : Oui avec le public ce qui est fou c’est qu’on partage trop des moments où on rigole tous ensemble et ça j’adore, j’ai l’impression qu’on s’est tous embarqué dans le même bateau. On s’est dit « allez hop ! Pour 6h on ne se connaît pas, on s’enferme dans une salle et on regarde un truc » et je trouve ça trop bien comme expérience en vrai.


par Louise-Anna Fizellier

Après spectacle / micro-trottoirs 

par Sonia Friha

Cadavre Exquis : « Et si j’avais... »


Atelier d’écriture utilisant le jeu collectif du cadavre exquis. Consistant à composer un texte à l'aide de fragments proposés successivement par chaque personne. Cet atelier a pour but d’utiliser le principe proposé par Wajdi Mouawad avec Racine carrée du verbe être.


Et si j’avais continué à être dans cette relation ? Malgré tout, cela m’a permis de pouvoir réussir après. Je ne pense pas que j’aurai réussi de la même façon. Mais je pense qu’en faisant ce choix je me suis protégée de lui, alors qu’il voulait mon bien en se protégeant aussi. Est-ce que cette
décision est venue à moi ou est-ce que je suis venue à elle ? Je préfère prendre cette décision pour ne pas m’oublier. Je préfère me l’imposer en pleine conscience que de la subir malgré mon non-choix. Pourquoi continuer ? Pourquoi continuer à ne plus écouter ce que je ressens et toutes ces questions ? À quoi bon me torturer l’esprit avec mes et si ?
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Maëlle Maréchal 


Et si j’avais décidé de rester dans ce cursus, et si j’avais décidé de me barrer d’ici, et si j’avais été autre. Relation cachée par mes soins dans cette vie autre à laquelle j’ai renoncé, cette vie autre, cette vie d’un autre, d’un mort, d’un condamné exquis. De toute façon c’est con la vie,c’est con. Ce sont des choix qu’on subit, des choix indésirables que l’on se prend en pleine gueule. Si j’avais eu le choix, si j’étais libre, dans cette autre vie, des gens se mêlaient de mes affaires, à faire des choix pour vivre mieux, à rester assis là cloîtrés. Dans une vie, un vice...
Mon choix a été de tourner la page, de tourner le dos à la rage d’être orage. 
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Eline Guez

 

 

 

Et si j’avais réussi. Si je n’avais pas été le seul à échouer. Je serai où à cinquante ans ? Est-ce que j’aurai des enfants ? Quel monde je pourrai leur offrir ? Encore faut-il que je puisse les protéger ? C’est lent, c’est très très lent. J’ai besoin d’inspiration maintenant mais je dois attendre que ça vienne. Je n’ai jamais pris le temps d’être bon aux échecs. Je connais les règles pourtant, mais personne autour de moi n’est vraiment partant pour jouer. Ceux qui le seraient sont beaucoup trop entraînés, alors à quoi bon. Je n’ai pas le permis de conduire. J’ai raté le test une fois, et
depuis, mon code expiré. Je vis dans Paris, alors il n’est pas très utile. Je crois que j’ai peur de tuer quelqu’un au volant, des passants ou des passagers.
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Alex Ryder 

Et si j’avais cinq francs cinquante, j’aurais bientôt six francs cinquante. Je est un autre à dit Rimbaud. Mais moi, je n’ai jamais vraiment su me mettre à la place de l’autre. Et si j’avais été quelqu’un de moins égoïste, les choses auraient pu tourner différemment. Excusez-moi, mais ce
qui est exquis pour vous est pour un autre, amer. J’aurais dû faire l’inverse. Si j’avais su comment cela se finirait, jamais je n’aurais commencé ce que j’ai fait. Mais maintenant l’avoir fait m’apporte une certaine douceur. À narrer une histoire qui n’a ni début ni fin. Il était une fois moi, il était mille et une fois un autre. J’ai été tour à tour tout et rien. J’ai été quelque chose, j’ai été pas grand-chose. J’ai été fou, j’ai été moi, j’ai été dame, j’ai été tour, j’ai été échec. 
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Théo Courtin

Atelier avec Victor de Oliveira :

Qui sommes-nous ? Questionner les identités.

En partant de leur traversée des deux spectacles, le comédien Victor de Oliveira a proposé aux Jeunes Reporters de s’interroger sur les points de bascule de leur vie, sur les rencontres et évènements qui forgent nos identités. Les exercices d’échauffements et d’improvisation collectifs ont pu permettre de se découvrir mutuellement et d’explorer les histoires de chacun au moyen de l’écriture.

Atelier avec Victor de Oliveira

 
 
Les Jeunes Reporters questionnent l'identité par le prisme de Rita au désert d'Isabelle Leblanc.

podcast réalisé par
Denis Ledemay et Pauline Robin