« Je suis Nora, celle de la pièce d’Ibsen » : l’héroïne de Maison de poupée qui, à la fin de la pièce d’Ibsen, a choisi de quitter son mari, le banquier Torvald Helmer, et ses enfants, pour « devenir elle-même », se retrouve au début de la pièce d’Elfriede Jelinek ouvrière dans une usine de textiles à Lerchenau (Autriche), en 1929 – à la veille de l’Anschluss, et en pleine crise économique.

Elle y rencontre à la fois le monde du travail – l’amitié des ouvrières, l’amour du contremaître – et le monde de la spéculation : elle éprouve pour le consul Weygang, roi du textile venu visiter l’usine qu’il envisage de racheter, un coup de foudre partagé…Mais quand tout obéit à l’économie, tout ne doit-il pas parler de la langue de l’économie ? Comment dans une société où l’on est condamné à parler la langue de  l’autre, une femme qui rêve de s’attaquer à l’extraordinaire peut-elle se « trouver soi-même » ?