Fernando Pessoa
auteur (1888-1935)Jamais, en prenant congé de lui, je n’ai osé tourner la tête ; j’avais peur de le voir s’évanouir, se dissoudre dans l’air.
Il naît à Lisbonne, en 1888. Dès son enfance, il devient orphelin de père. Sa mère se remarie ; en 1898, elle se rend avec ses enfants à Durban, en Afrique du Sud, où son second mari avait été envoyé comme consul du Portugal. […] En 1905, alors qu’il est sur le point d’entrer à l’université du Cap, il doit rentrer au pays. Après son retour d’Afrique, il ne quitte plus Lisbonne. […] Anglomane, myope, courtois, timide, vêtu de couleurs sombres, réticent et familier, cosmopolite prêchant le nationalisme, investigateur solennel des choses futiles, humoriste qui ne sourit jamais et nous glace le sang, inventeur d’autres poètes et destructeur de lui-même, auteur de paradoxes clairs comme l’eau et, comme elle, vertigineux: feindre c’est se connaître, mystérieux sans cultiver le mystère, mystérieux comme la lune à midi, fantôme taciturne du midi portugais, qui est Pessoa ?
Autre chose ? Il mourut en 1935, à Lisbonne, d’une colique hépatique. Il laissa deux plaquettes de poèmes en anglais, un mince volume de vers portugais et une malle remplie de manuscrits. Tout n’a pas encore été publié.
Extrait de l’essai d’Octavio Paz
Un inconnu de lui-même : Fernando Pessoa
Texte français Jean-Claude Masson, in La Fleur saxifrage,
Éditions Gallimard, 1984